CONTEXTE ET ARGUMENT


NOTE D'INTENTION

 

 

Fables de La Fontaine à la lumière du jeu baroque

 

L’expérience de précédentes créations autour de La Fontaine et de Perrault m’a montré combien le public est sensible aux singularités de l’art du jeu baroque. Loin de s’effrayer d’une langue ancienne aux accents inconnus d’eux, les spectateurs sont captivés et passionnés par l’univers qu’ils découvrent.

 

Je souhaite plus que jamais redonner à ces textes familiers leurs "couleurs" originelles et faire resurgir aux yeux et aux oreilles leur force évocatrice.

Par la gestuelle, la danse des mots, la musique sur instruments anciens, une représentation baroque repose sur une infinité de positions du corps, des mains, des doigts, des yeux, tout un « alphabet » corporel donnant aux textes du sens, de la clarté, de la magie.

 

C'est en découvrant la prononciation et le jeu baroques, tels que les acteurs et poètes en usaient au 17ème siècle, que le public voyagera dans le temps et trouvera un merveilleux divertissement où chaque mot sera un jeu, chaque vers une partition musicale, rythmique et visuelle.

 

Dans la chaude lueur des chandelles, musiques et airs fameux du 17ème siècle charmeront les sens sur les accords du luth et de la guitare baroque.

Jean-Denis Monory, Directeur Artistique

La musique et les fables de Jean de La Fontaine

 

La musique française au XVIIème siècle est d’une richesse inouïe. Influencée d’abord par les compositeurs italiens, et en particulier Jean-Baptiste Lully, les français ont pu ensuite développer un « art national » qui rayonnera longtemps et très au-delà des frontières hexagonales. Bien que la Tragédie Lyrique (équivalent de l’opéra italien) ait marqué profondément la scène et concentré autour d’elle l’intérêt du roi et de l’aristocratie, entre 1658 et 1694 une importante production musicale de dimensions plus modestes voit le jour.

 

En effet, des « airs sérieux » pour voix soliste accompagnée par une ligne de basse réalisée au théorbe ou au clavecin, publiés par Robert et Christophe Ballard rencontrent un grand succès dans les salons essentiellement féminins, au sein desquels lettrés et personnes de qualité s’attachèrent à définir de nouveaux codes de sociabilité, à la recherche d’une nouvelle politesse mondaine alliant activités du cœur et de l’esprit.

 

Aristocrates, poètes de métier ou faiseurs de vers occasionnels et musiciens s’ingéniaient à y explorer et dépeindre toutes les nuances des sentiments et les rigueurs de « l’empire amoureux », idéalisés à travers l’art de la conversation, des jeux littéraires, la pratique d’une poésie précieuse et de la musique. Jean de La Fontaine fréquenta assidûment ces salons, protégé par des dames de qualité et notamment Madame de La Sablière.

Le caractère universel des fables de La Fontaine nous a conduit à imaginer un spectacle construit autour de l’idée du voyage, où chaque récit est identifié à un lieu et une atmosphère uniques, trouvant un écho musical à travers des pièces pour luth et guitare de compositeurs non seulement français, mais venant aussi de contrées parfois lointaines, comme l'Italie, l'Espagne ou encore le Mexique. Le chant, par ses qualités rhétoriques et expressives, est aussi présent à travers des fables mises en musique par des compositeurs anonymes du XVIIème siècle.

Si le chant était alors considéré comme le modèle de toute musique, le luth et la guitare en étaient les plus beaux compagnons.

 Manuel de Grange