Mise en Scène



Pourquoi une mise en scène baroque?

Ce genre “nouveau” confère au texte une puissance étonnante. Cet art théâtral, âgé de quatre siècles, restitue aux mots leur puissance et leur valeur originelle. Cette interprétation originale provoque la surprise, force l'écoute et l'attention, affranchit l'entendement. Grâce au jeu triangulaire propre à la mise en scène baroque, le spectateur, saisi par l'humanité et la vérité des personnages, réagit et fait écho à la parole de l'acteur. Dans le théâtre baroque, le “metteur en scène-chorégraphe-musicien”, se met au service d’une œuvre pour en mettre en lumière le sens et la richesse, en lui construisant le chemin qu'il pense être juste par un travail profond et exigeant avec les comédiens et les musiciens.

 

Mise en scène

La recherche de documents d’époque tient une grande place dans la démarche de Jean-Denis Monory (gravures et illustrations, traités, textes d’origine, alphabet de gestuelle, partitions musicales...) ainsi que la collaboration avec d’autres artistes praticiens ou des universitaires (Benjamin Lazar, Manuel De Grange, Eugène Green, Georges Forestier, Gaël Le Chevalier...). Mais ne se veut pas un tableau historique, c’est avant tout une œuvre dont le metteur en scène tente de restituer toute la force originelle tel un aventurier à la recherche d’un trésor inestimable qui révolutionnerait l’avenir du théâtre. Le travail de la troupe repose sur quatre axes complémentaires :


          - la musique et la rythmique des textes du XVII siècle

          - la gestuelle baroque

          - l’énergie intérieure, le souffle, la voix, le regard, le jeu frontal

          - la recherche du mouvement originel en lien avec le verbe.

 

Diction baroque

La prononciation baroque réclame un véritable apprentissage de la part des comédiens pour retrouver la langue de la cour et respecter les règles de la déclamation : le “r” roulé, le “l” mouillé, les voyelles nasales, le “â” fermé, le “a” ouvert, la prononciation du “e” muet et des consonnes finales... Loin d’être “savant”, ce parler semble très proche de nous et rappelle certains accents encore présents dans nos régions ou dans les pays francophones comme le Québec. La ponctuation joue aussi un rôle essentiel : le point, la virgule, les points de suspension sont des indications non pas pour une lecture silencieuse, “grammaticale”, mais des indications de temps, des silences, des respirations comme dans une partition musicale. Un texte qui n’est écrit que pour être dit.


L’acteur, en se pliant à ce travail de musicien découvre des palettes vocales encore inexplorées qui provoquent en lui des émotions pures, non psychologiques, et rendent limpides la compréhension des mots et de la pièce.

 

Chorégraphie du geste

Dans le théâtre baroque, le moindre geste est porteur de sens, au même titre que les mots : la position des doigts, des mains et du corps a une signification symbolique ou exprime une pensée, un sentiment précis. La gestuelle se construit en fonction de l’intensité, du rythme et de la signification du texte pour créer un véritable alphabet du corps. La “chorégraphie” de l’ensemble des positions, des gestes et des postures crée une “mise en scène”, évoquant par sa pureté et sa construction l’art sculptural et pictural des maîtres italiens et français des XVIème et XVIIème siècles tels un Caravage, un Bernin ou encore le mouvement d’un Poussin, ou d’un Lahyre...


Cette chorégraphie particulière demande au comédien un travail rigoureux pour un résultat d’une grande puissance poétique.

 

Décor et lumière

Le jeu théâtral baroque repose sur une esthétique codifiée, grâce à laquelle la scène devient lieu d’épiphanie, de transfiguration de la réalité, que ce soit dans le comique de Molière ou dans la tragédie de Racine. En s’inspirant de gravures d’époque et forts de l’expérience technique de nos précédents spectacles, nous avons inventé un décor à tiroirs, une mise en abyme du trompe-l’œil, une panoplie de faux-semblants magnifiée par l’éclairage aux bougies : par exemple, une véritable encyclopédie à saisir par Philaminte dans une bibliothèque en trompe-l’œil, ainsi que d’autres éléments symboliques des vanités, certains peints sur le décor, d’autres sous forme d’objets réels (crâne humain, sablier, pipe, fleur, etc).


Au gré des effets d’optique et du jeu d’acteur, nous avons l’illusion d’être dans une bibliothèque, un boudoir, une salle à manger, une chambre... L’espace devient reflet des sujets, la scène, interrogation sur la mode et l’authenticité, le décor, passerelle entre philosophie et réalité. Il s’agit de mettre en abyme la dualité de l’être humain, de souligner l’opposition entre ses aspirations intellectuelles et sa réalité physiologique ; une distance propre au théâtre baroque, qui libère un rire salvateur.


Enfin, la douce lumière des bougies baigne visages et costumes d’un chaleureux éclat qui fait s’animer les silhouettes des comédiens. 

 

Costumes

Conçus et réalisés par Chantal Rousseau, les costumes sont le reflet de la mode à la cour de Louis XIV et sont travaillés en fonction de l’éclairage particulier des bougies. Ils sont également en parfaite cohérence avec la mise en scène en permettant notamment des jeux de transformation.